vendredi 1 mai 2020

Désertion

Elle a bon dos notre cellule de confiné. Elle fonctionnerait comme une cocotte-minute, maintenant sous pression les hommes, accélérant ainsi la révolution qui vient. (Elle n'en fini d'ailleurs jamais de venir, la révolution. Peine-à-jouir !) 
Quand les révolutionnaires en chambre pourront s'évader de ce bagne quasi-militaire, ils reprendront leur vie en main. Adieu les conventions, le prévisible, l'ordinaire, bonjour les voyages exotiques, la philosophie asiatique, l'auto-gestion, la sexualité libre, la drogue et la liberté ! Things get too straight, I can't bear it ! Il y aurait beaucoup à dire sur la "subversion" du mode de vie hédoniste et marginal. Ce qui me fascine le plus c'est l'obsession du voyage. Quand j'entends des jeunes gens se vanter d'avoir côtoyé des Indiens ou des Vietnamiens pendant plusieurs mois, j'imagine un rejeton d'une bonne famille bourgeoise qui se gargariserait avec extase d’idéaux populistes (1) parce qu'il a passé quelques mois à travailler à l'usine. On prend une bonne dose d'exotisme, cocktail apparemment similaire à l'association Seconal-BenzedrineMais vous ne faites pas partie de la Beat Generation ! Vous ne connaissez ni la censure, ni les difficultés à publier, ni le mépris, ni la controverse, ni l'hostilité, ni les menaces, ni la violence. Tant mieux, d'ailleurs. Avouons que ce ne sont pas des situations agréables. Beaucoup partent voir ailleurs ce qu'avec des bon yeux et un peu de patience il était possible de voir sans quitter son quartier. Dans ce Monde où l'on voudrait se perdre loin des routes - mais il n'y a même pas de routes (2), pratiquez un peu la désertion intérieure. Ou bien faites du sport. En tout cas, arrêtez de parler politique.


(1) Edouard Limonov, « Discours d’une grande gueule coiffée d’une casquette de prolo »

(2) Julien Torma, Le Grand Troche

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