dimanche 25 juillet 2021

Dimanche

 

Sous un ciel atone, un dimanche de plus venait de s'écouler dans la mégalopole électronique. Les meilleurs ingénieurs du pouvoir en place, avec leurs ogives à particules d'iodure d'argent et d'azote liquide, n'avaient jamais réussi à venir à bout de ce phénomène climatique millénaire : le ciel gris et silencieux du dimanche après-midi.

On en était venu à ignorer le ciel et ses humeurs. L'éclairage urbain simulait parfaitement le plein soleil. Les parcs d'attractions miniatures et les jardin à thèmes mis en place au coeur de la ville occupaient suffisamment l'après-midi des citoyens ordinaires pour qu'ils ne s'en préoccupent pas.

Au loin, des lignes de chemins de fer transportaient des oisifs en vacances permanentes d'un lieu de villégiature à l'autre. Tel un tableau de Chirico, la mystérieuse présence des trains n'était plus visible qu'à l'horizon. Les oisifs, reclus dans ces wagons aérodynamiques en fibre de verre et de carbone, ignoraient également le ciel et sa mélancolie.

Ne restaient alors plus que des hommes et des femmes isolés, accoudés à leur fenêtre, pour se dire que ce ciel déprimant n'était rien en comparaison au néant de la ville, rasée puis redessinée après l'Armageddon télématique. Sa temporalité s'était érodée et elle était réduite à son essence utilitaire et géométrique. Les films de propagande  montrant des citoyens joviaux profitant de places piétonnières et de jardins urbains n'y faisaient rien. Dans une pose méditative, ils portaient une cigarette à leurs lèvres. Une loi sanitaire interdisait la vente d'alcool et de tabac passée l'heure du déjeuner.

Échoués un peu plus que les autres sous ce ciel atone, la progression dramatique de leur existence était suspendue. Oubliés un instant les tourments intérieurs, les drames familiaux déchirants, les futiles affaires qui n'intéressent que les tabloïds et les tribunaux de province. Leur solitude non dissimulée les mettaient à l'abri du regard de Mammon comme de celui du Dieu protestant et puritain. Une intimité désirable.

dimanche 20 juin 2021

Présence des fantômes

La mythologie rock n’est pas qu’excès glorieux et démentiels. Pendant leur voyage, les têtes d’affiche en Cadillac rose croisent sur leur chemin de nombreux seconds couteaux qui, le moment venu (souvent longtemps après leur mort), deviendront aussi mythiques qu’eux. Une foultitude de groupes quasi-inconnus dont la présence n’est attestée que par une poignée de disques. Certitude d’une présence aussitôt doublée d’un doute lancinant quant à cette réalité : pas ou peu de photos du groupe, pas ou peu d’enregistrement. Le disque n’est qu’un grésillement sans image. Et si tout cela n’était qu’un rêve ? Ou une apparition ?

En définitive, le rock est un pays peuplé de fantômes : Robert Johnson en précurseur singulier et génial. Dans un excès de nostalgie socialo-marxiste, je pourrais également évoquer les métiers de l’ombre, ingénieurs du son et autres producteurs-arrangeurs. Ou encore ces foules anonymes aux oreilles abimées par les murs de son. Mais je veux surtout parler de ces artistes ectoplasmiques : des barbares des friches industrielles, avec leur allure d’éternels jeunes hommes bronzés et dépenaillés, disparaissant dans les brumes de la Zone, leurs boots noires foulant lestement la boue; des sorciers érudits, tourneurs de tables, utilisant les télé-sciences pour multiplier les spectres des vivants et des morts; des kids défunts errant sans but, désorientés par les lumière du rock’n’roll, et ne sachant pas où aller pour trouver le repos. La Phrance, pas tout à fait conforme au cliché rock français/vin anglais, compte également dans ses rangs quelques fantômes rock dont - et en bonne position - l’hermétique Yves Adrien.

La sortie récente d’un « röman » (sic) de Cédric Bru, intitulé Le Mystère Yves Adrien, n'est pas seulement l’occasion de se plonger dans la vie de cet absent très présent dans le paysage de la critique rock d’expression française. Il s'agit également de se rappeler d'une époque : Rock & Folk, le gonzo, le novö, etcEn effet, qui se rappelle encore de ces choses-là ? Quelques doux dingues qui se ruinent toujours en disques ? et puis quoi ?


Handicapé par un style hybride moitié biographie, moitié bouillie autofictionnelle (où l’auteur - comme c’est original - met en scène sa propre incapacité à écrire le livre que nous sommes en train de lire), ce « röman » n’est pas dénué d'un certain intérêt historique. 


La vie d’Yves Adrien, donc. « C’est l’histoire d’un homme qui a passé plus de temps à se cacher qu’à se montrer. Orchestrant soigneusement ses retraites comme ses retours, il a visé la présence par l’éclipse, la postérité par l’absence, la reconnaissance par l’oubli », nous précise l’auteur. Des disparitions, des retours, des changements aussi. 


On passe ainsi des premiers émois West Coast à la révélation électrique - Iggy Pop et les Stooges - introduite par la prose sonique de l'article visionnaire « Je chante le rock électrique » :

Les teenagers préfèrent le bubble-gum au marxisme. C'est heureux. En 1972, on a redécouvert le trip teen et son implication première : l'éphémère.


Et les Stooges, hurlant la punkitude des grands ensembles. Une musique devenue vertige, la plus belle/violente expression du rock urbain. Superbe arrogance d'Iggy crachant son ennui comme on déchire les affiches, lambeau par lambeau.

Et puis l’intuition prophétique de l’homme novö. Cette rencontre du metallic et du disco. Ce dadaïsme eighties, exploitant les arts et techniques des États-Unis d’Amérique pour en tirer une formidable expression libératoire. Un assemblage hybride où le folklore américain et la froideur des machine se confondaient, où l’Amtrak et le Trans-Europ-Express se percutaient, où chaque morceaux de métal, que l’accident avait rendu horriblement tranchants, fendaient l’air produisant un son unique. Iggy Pop, David Bowie, Kraftwerk, Ellie et Jacno, Devo, The Residents, Alan Vega et Suicide, Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire. 

Afterpunk et Afterwave, NovöPunk et NovöWave : le rock des années quatre-vingt ne se jouera pas seulement dans la rue, mais dans les cerveaux aussi. C'est là le message des industrialistes : le verre et l'acier. Il n'est jamais trop tard pour tout recommencer. Je chante le rock synthétique.

L'oeuvre d'Yves Adrien, outre les néologismes et les gimmicks langagiers, c'est avant tout une attention précise aux sentiments esthétiques, à l'émotion que nous procure non seulement la musique en tant que telle, mais également l'univers qui l'entoure, sa vision.  


Pour cela, il a recours à une méthode analogique quasi spenglerienne, opérant des rapprochements improbables « qui voient Sex Machine de James Brown côtoyer l'univers de Mozart, mariant Salzbourg à Please, Please, Please dans une approche quasi poétique, voisine des correspondances baudelairiennes ». Comme chez Spengler, cela peut donner « l'impression d'une culture encyclopédique et d'une compétence à peu près universelle, d'une hauteur et d'une ampleur de vue qui permettent de tout embrasser d'un seul coup d'oeil, d'une puissance de synthèse et d'une virtuosité dans l'organisation des données qui rabaissent au rang de misérables tâcherons les gens qui continuent à utiliser les méthodes traditionnelles de l'analyse historique » (Jacques Bouveresse, «La vengeance de Spengler », in Essai II) alors que cela revient en fin de compte, selon l'expression de Musil, à classer « au nombre des quadrupèdes les chiens, les tables, les chaises et les équations du quatrième degré ». Mais à la différence de l'auteur du Déclin de l'Occident, Yves Adrien n'a que faire des idéologies politiques, il parle de musique et de littérature. Tout est pardonné.


Le corollaire de cette méthode analogique est évidemment l'hyper-référentialité. Comment prétendre à une vue synoptique sans citer les noms, tous les noms, des protagonistes ? « Mettre en coupe réglée toutes les littératures, doctrines et techniques initiatiques, être à soi seul la banque neurone de données, la bibliothèque borgésienne et le terminal spirituel du XXIe siècle », écrit-il dans Rock & Folk.


Érudition, mystère, poésie, dédoublement. Un parcours messianique et prophétique quasiment sans faute (seul bémol : son intérêt pour Houellebecq). 


Il faut donc relire ce que « le portier de nuit du punk et le chantre du novö » a écrit. La publication de ce mystère Yves Adrien n'est qu'une excuse. Il faut relire les articles d'Yves Adrien car c'est l'un des meilleurs témoignages (avec les textes de son ami Alain Pacadis) de l'époque Palace, branchitude et post-punk/cold-wave à la française. Il faut les relire car c'est tout simplement fini : le dernier des Mohicans möderne ayant de nouveau disparu dans le désert de béton bleu. Et avec lui, définitivement, toute une époque. 

mercredi 12 mai 2021

À Jacques Bouveresse, la philosophie reconnaissante


À l'annonce du décès de Jacques Bouveresse, on ne peut s'empêcher de se souvenir de ses mots à la mort de Bourdieu :

S’il y a une chose qui est encore plus difficile à supporter que la disparition d’une des figures majeures de la pensée contemporaine et, pour certains d’entre nous, d’un ami très proche, c’est bien le rituel de célébration auquel les médias ont commencé à se livrer quelques heures seulement après la mort de Pierre Bourdieu. Comme prévu, il n’y manquait ni la part d’admiration obligatoire et conventionnelle, ni la façon qu’a la presse de faire (un peu plus discrètement cette fois-ci, étant donné les circonstances) la leçon aux intellectuels qu’elle n’aime pas, ni la dose de perfidie et de bassesse qui est jugée nécessaire pour donner une impression d’impartialité et d’objectivité. Comme le constatait déjà Karl Kraus, la chose qui, grâce à la presse, est devenue désormais la plus impossible est précisément le silence, y compris dans les moments où il constituerait pourtant la réaction la plus appropriée et la plus digne. Même ceux que l’événement affecte le plus directement et le plus profondément et qui, pour cette raison, ont le moins envie de « parler », n’échappent plus dorénavant à l’obligation de le faire eux aussi. 

Dans Libération, c’est Robert Maggiori, pour qui « le nazisme aveugle encore la philosophie, sans doute parce qu’il présente devant ses yeux la plus horrible construction qu’a pu réaliser son outil le plus précieux : la Raison », qui a écrit la nécrologie du philosophe rationaliste. À l'époque de l'affaire Sokal-Bricmont, dans laquelle Bouveresse avait pris position du côté des physiciens contre les jobards, le chroniqueur littéraire et philosophique de Libé, recensant son pamphlet Prodiges et vertiges de l'analogie, lui avait demandé, sur un ton de reproche, si « l'usage de notions comme celles de « sans vergogne », « grande truanderie intellectuelle », « idiotie », « frivolité », « extravagance », « stupidité », etc., ne messied pas quelque peu à l'éloge de la rigueur et de la précision technique ».  Il n'avait pas dû lui venir à l'esprit que, comme le rappelle Paul Valéry, « la preuve est la politesse élémentaire qu'on se doit ». L'incivilité est donc du côté de ceux qui racontent des foutaises sans se justifier et non du côté de ceux qui les dénoncent. Et c'est donc cette Grande Tête Molle qui rend hommage au professeur émérite du Collège de France ?

Bouveresse, qui n’avait pas de mots assez durs pour l’imposture critique du Monde des livres, du Nouvel Observateur ou encore, bien entendu, de Libération - ces journaux faisant à peu près le contraire de ce qu’on pouvait attendre d’eux : transformer la discussion critique en pure réclame - n’aurait certainement pas été surpris par cette triste ironie. L’impuissance des honnêtes gens face au pouvoir médiatique.

Quel que soit le plaisir qu'on puisse ressentir en lisant ses attaques en règle contre les intellectuels médiatiques, les pensées à la mode ou la politisation de la philosophie, il ne faut pas oublier que c'était avant tout un philosophe théorique, spécialiste de l'oeuvre de Wittgenstein, de philosophie du langage et de la connaissance comme de musique et de littérature (Musil et Kraus en premier lieu).

Sa grande exigence philosophique, son honnêteté et sa probité intellectuelle, son respect de la logique et des règles de la pensée, sa simplicité et son ironie, tout cela faisait de lui un modèle de ce que, jeune étudiant en philosophie perdu dans les bars du Quartier Latin, j'espérais - et espère toujours - un jour devenir. Sa lucidité sur l'idéologie du progrès et le pouvoir effectif de la philosophie, sans pourtant jamais renoncer à l'idéal de la raison, de la science ou au travail philosophique, parachevait d'en faire une voix importante dans le paysage intellectuel contemporain. Car comme disait Kraus, qu'il citait souvent, on ne peut pas empêcher son époque de sombrer, on peut seulement lui dire qu'elle est en train de le faire.

Je pense qu’aucune nécro, aucun hommage ne pourrait mieux résumer l’importance qu’il a eu dans la philosophie française que sa leçon inaugurale au Collège de France, La Demande philosophique : que peut la philosophie et que peut-on vouloir d'elle ?. Quand un intellectuel meurt - un vrai, je veux dire - il ne nous reste plus, tristes et encore incrédules, qu’à nous replonger dans son oeuvre. Afin d'éviter les bavardages. 

mardi 5 janvier 2021

Symphonies de supermarché


La vie quotidienne meurt des agrégations définitives ou s’y endort. La solitude et l’âpreté des conditions d’existence, auxquelles se mêlent souvent nos affections les plus chères, n'ont rien de superflu. Cela, j'en conviens, ne semble pas très agréable et, comme le disait Hume, il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt. Ce dernier point, les patrons de presse l’ont bien compris.

Ils commencèrent, au début des années 40, par diffuser des mélodies enthousiastes et enjouées, ni trop rapides, ni trop molles pour accompagner tous les moments de la journée. Des compositions légères pour détendre, relaxer, rassurer et rendre plus productif. Ce narcotique auditif, easy listening ou musique d’ameublement, connut un certain succès dans les années 50. Son univers imaginaire, rempli de cigarettes françaises et de Martini dry, flattait le goût des jeunes célibataires actifs, ceux capables d’investir financièrement dans un nouveau système audio stéréo. Il confirmait l’éminence de l’american way of life.

Cependant, les bars à cocktail, les robes de chambre en soie et les couvres-lit en léopard se démodèrent vite. Le populo - pardon, le public - n’aimant pas particulièrement être pris pour un crétin, il ne suffisait plus de charmer ses oreilles : il fallait flatter son esprit. Ainsi, de même que les stations de radio et les chaines de télévision disposaient de musiques produites au kilomètre par des professionnels de studio afin d’illustrer leurs émissions, elles se dotèrent d’intellectuels professionnels capables de débiter des concepts à la même vitesse (ce qui revenait évidemment à prendre le public pour un ramassis d'imbéciles). Et la Presse… créa l’Intellectuel d’ameublement.

Ainsi, aujourd’hui, en France, en allumant la radio, nous avons le droit à des discours décoratifs, vidés de toute leur substance, dont on a avantageusement éliminé les scories intellectuelles (l’exercice de la raison au mépris de tout intérêt pratique, par exemple). Je ne cite pas d’exemples, le lecteur complètera de lui-même avec les noms des auteurs qu’il n’aime pas.

Le cocktail qu’ils nous servent est simple : banalités exprimées de manière obscure ou thaumaturgique. Les mélodies de l’easy listening, bien que standardisées, étaient, elles aussi, lourdement réorchestrées donnant ainsi lieu à des compositions chargées aux arrangements exagérés et sans retenue.

C'est donc sur le mode de l'amplification pathétique que s'expriment les Intellectuels d'ameublement. Dans le meilleur des cas, ils se contentent de relater leur expérience, forcément universelle, de la vie ordinaire (leurs privilèges de toute éternité n'entrant évidemment pas en ligne de compte). Autrement, ils s'improvisent poètes lyriques d'un monde abîmé et expriment leur désarroi face aux catastrophes du temps. Mais, ils ne prennent pas les événements pour eux, non, c'est pour l'humanité qu'ils frémissent. Ce sont les grands témoins de leur époque. Et c'est à ce titre qu'ils diffusent leur musique qui s'apparente à de la radicalité politique, mais en douceur, sans rien affirmer : l'heure est grave, nous n'avons plus les mots, tout a changé, tout doit changer.

Il est difficile d’imaginer rendre compte de la vérité de l'histoire et des réalités humaines à l’aide d’énoncés en sujet-verbe-complément. Les Intellectuels d'ameublement transforment cette difficulté en impossibilité. Il n'est plus possible de parler de ces choses, sauf à employer de « grands mots ». Qui ne sont que trop évasifs, trop relatifs, grandiloquents. Ils témoignent, mais de rien.

(En sont-ils conscients ? Quand on se paye de mots, on doit finir par s’en méfier, non ? Simple piéton de Paris et employé de bureau discipliné peut-être ne suis-je habitué qu’à leur précision méchante ?)

Si leur parole n'est pas relaxante, elle n'en est pas moins anesthésiante. L'auditeur est laissé confus et désemparé (s'entendre citer, selon la station de radio, du Péguy ou du Marx pour justifier tout et n'importe quoi, ce n'est pas de tout repos) mais étrangement satisfait. Il n'a rien appris qu'il ne savait déjà mais c'était bien joliment dit. Le discours des Intellectuel d'ameublement, il le répète déjà depuis longtemps, lui : il faudra bien qu'un jour tout change. À commencer par les autres. 

Se laisser flatter par un tel discours revient à s’encanailler anonymement dans une ambiance festive, tel l’américain moyen fréquentant un casino à la réputation sulfureuse car on y aurait aperçu Frank Sinatra et ses amis de la mafia. On s’offre des frissons pour pas cher avant de revenir, définitivement, à sa vie de tous les jours. 

Les patrons de presse ont donc bien eu raison d’ouvrir ce robinet d’eau tiède. Il suffit de parler aux auditeurs, hommes ordinaires, pour comprendre qu’ils y trouvent leur compte. Et quand on leur parle de « réfléchir » plutôt que d’ « être heureux », de « bien raisonner » plutôt que d’ « être sage » ou tout simplement de « pensée » plutôt que d’ « émotion », ils nous font gentiment comprendre qu’on est un imbécile. Car l’homme de la rue a besoin de consolation, de soutien psychologique, d’un principe, Progrès, Histoire, Peuple, Nation ou autre, pour apporter un sens au grouillement de la vie sur Terre. Au diable la raison et la vérité ! On s'installe dans la confusion comme dans un salon.

En somme, les mélodies rassurantes des Intellectuels d’ameublement sont des moyens de rêver et de voyager par procuration vers une destination idéale, encore inconnue, mais dont on nous assure qu’elle sera chaude et que les menaces y seront absentes. Éblouissement romantique !

Si l’easy listening, l’exotica et les autres musiques légères ont définitivement disparu des ondes (même si l’on trouve encore quelques archivistes obsédés (1) ), il n’est pas absurde de penser que les Intellectuels d’ameublement continueront longtemps de servir leur soupe insipide. Enfin… il nous reste le plaisir d’écouter, cette fois-ci en pleine connaissance de cause, les mélodies fantasmées de la génération cocktail, qui nous consoleront peut-être des platitudes et des mensonges de nos intellectuels faussement profonds, faussement sérieux.



1 Je pourrais me lancer dans une apologie passionnée de l’easy listening et de ses dérivés. Comparer l’album Ritual of The Savage de Les Baxter aux premiers poèmes de Cendrars (principalement Documentaire) ou aux Cartes postales de Levet. Vous dire que les suites de Jack Fascinato sont à la musique ce que les constructions modernes de Palm Springs sont à l’architecture : des monuments de simplicité et de clarté qui, à partir de leur obsession pour la nouveauté et de l’éphémère, ont créé des souvenirs magnifiques et durables. Je pourrais, je pourrais…

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