À en croire le premier et unique chanoine honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, il n'y a pas d'argent magique. Je conteste, poliment, mais je conteste. À la manière des instituts de sondage d'opinion, la Banque de Phrance crée de la matière à partir du vide. Si ça ce n'est pas de la magie...
Cependant, j'entends bien que lorsque l'argent vient à manquer (ce qu'il ne manque, justement, jamais de faire) la prestidigitation fiscale est un moyen bien limité de remplir les caisses. Heureusement, l'Administration et ses régents veillent. Et ils disposent d'un moyen tout sauf magique de faire rentrer de l'argent : l'impôt.
En prenant en considération qu'il s'agit là de l'unique moyen certain de vider les bas de laines, je m'apprête à proposer une solution géniale et définitive pour renflouer l'État :
Imaginez, sur le modèle de l'impôt sur la fortune, une taxe sur un signe extérieur de richesse en particulier : l'impôt lui-même. Car plus vous payez d'impôt, plus vous êtes censés toucher des sous. (Il y eut bien un impôt sur les portes et fenêtres). Imaginez ensuite que vous payiez 10.000€ d'impôt par an et que le taux de cet impôt sur les impôts soit de 10%. Vous vous retrouverez, en fin d'année, à payer 11.000€ (10.000 + 1000). Sauf que, et c'est là tout le génie de la chose, cet impôt est lui-même imposable ! Grâce à une subtile utilisation de la théorie des ensembles, nous assistons à une régression à l'infini, comme dans un jeu de poupées russes. Le paradis de Cantor est tout sauf un paradis fiscal car vos 11.000€ se retrouvent à nouveau imposables, portant le montant à payer à 12.100€ et ainsi de suite. Il suffit ensuite de plafonner l'impôt à partir du moment où l'on considère que l'on a assez de pognon.
Les rentiers férus de logique, tremblant tout de même pour leur vie, m'objecteront que les ensembles sont rangés selon une hiérarchie de types et qu'il est sans signification de se demander si un ensemble est inclus dans lui-même ou non. Je réponds : “Certes“. Mais je ne doute pas que je saurais trouver, à la Direction Générale des Phynances Publiques, une oreille attentive à mon discours et ce en dépit de toute erreur de raisonnement.
Je vous annonce donc que j'abandonne (au moins temporairement) la littérature pour me consacrer à ma nouvelle vocation de conseiller économique, prenant au sérieux la leçon des experts : ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule. Jacques Attali, prends garde !
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