lundi 9 novembre 2020

Immigrants as a Weapon : Eduard Limonov and Natalia Medvedeva w/Thierry Marignac

Le dernier épisode du podcast de Yasha Levine et Evgenia Kovda, Immigrants as a Weapon, est tout entier dédié à deux auteurs d'origine soviétique : Edouard Limonov et Natalia Medvedeva. Avec, pour en parler, "l'ami français" de Limonov, Thierry Marignac (autopromotion). 

Il n'est pas utile de rappeler ici qui était Limonov (autopromotion bis). Le cas échéant, on renverra le lecteur vers les nombreux textes que Marignac a déjà consacré à son sujet. 

Une petite reflexion en passant. Limonov, comme le rappelle Marignac, n'a jamais été un romancier dans le sens traditionnel du terme. Il n'écrivait que sa propre biographie. Mais alors : comment se fait-il que ses ouvrages échappent au narcissisme et à la futilité du genre autobiographique ? In fine, ne s'agit-il pas - suprême insulte - d'un auteur autoficitonnel comme les autres ?

Long story short : bien sûr que non. Limonov n'a rien à voir avec ces malades du journal intime qui colonisent nos librairies. Comme le rappelait déjà Victor Chklovski dans sa Technique du métier d'écrivain (1927) : "Les écrivains professionnels d'aujourd'hui  souffrent du même défaut, qui, dans leurs écrits, parlent beaucoup trop l'un de l'autre et de leurs états d'âme personnels. [...] Ils ne voient plus les choses mais leur voisin."

Limonov était un exilé international, toujours à contre-pied. Voyou puis poète en URSS, immigré soviet aux USA sans être dissident, chouchou de la gauche caviar à Paris voué aux gémonies après ses prises de positions sur la guerre en Yougoslavie, opposant politique atypique dans la Russie privatisée. C'est cet esprit de contradiction, ce souffle punk, qui lui offrait son si singulier rapport au monde. Il avait cette capacité (si littéraire) de voir les choses comme si elles n'avaient jamais été vu avant et il pouvait les placer sous un jour inédit. Les gens (a fortiori les résidents du Grand Hospice occidental) ne savent pas voir ce qui les entourent.

Peu importe qu'il manquât d'imagination au point de ne chroniquer que sa vie, ses voyages et ses opinions : il le faisait avec tant de talent et d'intelligence.

Les livres de Medvedeva sont plus difficiles à trouver en français. On se consolera en lisant ses poèmes, traduits, encore une fois, par Marignac.

Suivez également le travail journalistique de Yasha Levine.

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