Si la lecture du journal est la prière de l'homme moderne, alors les paroissiens d'aujourd'hui doivent tirer une drôle de tête. Les polémistes, experts, sondologues et éditocrates de tout poil (tiens, mais où sont les journalistes ?) à l'érudition sans limite répondent aux questions les plus lancinantes comme les plus futiles. Ils tirent une réponse de leur chapeau, orientée selon l'obédience du canard, et, sans la regarder plus avant, l'amidonnent et l'archivent telle une vérité révélée. Et pas de rouspétances ! Quel hégélianisme pervers nous fait-il croire qu'il faille relayer toute idée ayant surgi à un moment ou à un autre ?
Allons respirer un peu d'air frais, voyage entre juste colère et abandon désarmant, au côté de Mocky, Dard, Malet and co., cette bande de soudards pas facile à aimer pour les grandes têtes molles . Ce qui lie mon œuvre à celle de Frédéric Dard, c’est la haine de l’hypocrisie, le besoin de franchise, même au prix du mauvais goût puisque le mauvais goût, pour beaucoup, c’est dire la vérité. Cinéma et littérature rigolarde, et quand il faut réaliste, violente et sans concession. Solo, L’Albatros, Un linceul n’a pas de poches, Le Témoin, Y a-t-il un Français dans la salle ?, Le Miraculé, etc, etc. L'amitié au dessus de tout, moquerie franche jamais cynique et tendresse sans mièvrerie. Et puis des femmes nues. Entre anarchisme et conservatisme décomplexé, anars de droite (anathème des anathèmes!), nous choisissons de rester libres et sentimentaux.