jeudi 30 avril 2020

Notre jeunesse punk

Il faudra bien qu'un jour tout change, entonnaient des punks solognots en foutant en l'air des poubelles. Ni fleurs des champs, ni lendemains qui chantent. Un peu de lutte des classes quand même, personne n'est parfait. Mais surtout de la lucidité. De la rage. Chaos en Phrance. 



Rien n'a encore changé, disaient déjà des souris parisiennes. Rendez-vous la prochaine fois !



Pourquoi faut-il toujours qu'un con commande, dans ce squat ou dans ce pays, reprenaient les punks des champs. Parce que c'est dans la nature des chefs, modèle socialiste comme modèle classique dit "modèle républicain", d'être con. À moins que ce ne soit l'inverse. Ton idéal démocratique, c'est que tout le monde a le droit de crever

Le jour décline. À la campagne, les loups sortent tôt. Fin de partie, tout le monde au lit !

mercredi 29 avril 2020

Impressionnismes du monde mécanique

"La rue, je ne peux pratiquement pas en sortir parce que dès que j'arrive à la campagne, je tombe malade. Rien que la vue d'un arbre ça me rend malade. Moi je suis né dans une ville et je ne peux pas aller ailleurs. J'adore ça, le bitume, l'asphalt, le béton, moi je ne rêve que de ça... Il faut détruire la télé. En plus, c'est très beau une télé qui explose. C'est une oeuvre d'art... Je ne supporte pas d'aller à la campagne, je ne comprends pas l'écologie, tout ça, ça me dépasse complètement. Moi je suis pour l'énergie nucléaire, pour la bombe atomique, je trouve ça très bien." 
- Alain Pacadis dans Apostrophes.

"Con mort. Pour le nucléaire avec les réactivistes. Faut être con pour mourir. Moi j'étais dans mon lit." 
- Kiki Picasso après le décès d'un militant tué lors d'une manifestation anti-nucléaire.

Kiki Picasso, 1974, élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République (19 mai) ; réalisation du dernier des essais nucléaires français atmosphériques (15 septembre) de la série / Il n’y a pas de raison de laisser le blanc, le bleu et le rouge à ces cons de français, 2016-2017

"Les arbres, la verdure, c'est très bien mais à la longue ça devient ennuyeux. C'est : des arbres verts, des arbres verts, des arbres verts, des arbres verts... Ok ! Très bien, qu'est-ce qu'on en fait ? Donne moi les villes ! Donne moi le smog ! J'aime ce que ce gamin [Alain Pacadis] m'a dit à Paris. Le roi des quoi ? Le roi des punks. Il m'a dit "Les gens se plaignent du smog, moi j'adore ça !" Il ouvrait et fermait ses fermetures-éclairs. Tu sais, il y a une manière d'aimer le smog. Ce n'est pas une contre-vérité. Ça fait du bien. Tu sors et... sniiiif !, tu es dans ton élément putain ! Tu marches à travers le smog. Tu vis à travers le smog. Tu aimes les immeubles. Tu aimes l'inflation. Il y a des créatures qui s'adaptent aux conditions. Il y aura des hommes du broui... du smog, de l'inflation... Voilà les gens qui survivront, tu ne le vois pas ? Ils sont prêts pour l'inflation, prêts pour le smog, ils aiment ça. Quelle est la différence ? Tout ça n'est que mental. Faut s'y faire." 
- Charles Bukowski à Barbet Schroeder dans The Bukowski Tapes.

"Le monde végétal, je suis assez sceptique là-dessus. Je préfère beaucoup la pollution à la chlorophylle par exemple. J'ai un peu peur du monde végétal parce que je pense que quelqu'un qui a un peu vécu en Amazonie doit avoir la même peur que moi. Tout de même, la chlorophylle, c'est la source des bactéries, des miasmes, des fièvres, des choléras, enfin de toutes les choses épouvantables. Quand il n'y avait pas de pollution, la durée moyenne de l'homme était de 30 à 35 ans. Elle n'était pas de 65 ans comme maintenant. Quand il n'y avait que la chlorophylle qui répandait les microbes à pelleté... Je déteste les miroirs et les romans qui emplissent l'univers d'êtres redondants qui vous émeuvent en vain. C'est un peu contraire à la chlorophylle mais c'est aussi contre les mots... Le danger est une mer de mots parce qu'il y a un moment, un seuil à partir duquel les mots ça devient à la fois quelque chose de cancéreux, d'étouffant comme les mauvaises herbes dans un jardin." 
- Roger Caillois dans Apostrophes. Encore. Décidément...

A propos de Thierry Marignac

MARIGNAC Thierry
Romancier post-national d’expression française et traducteur (Paris, 1958).

Le dernier roman de TM, L'Icône, est disponible aux éditions L'Arène


A tout seigneur, tout honneur. Puisque c'est chez lui que nous avons piqué l'expression de "dadaïsme spontané des broyeurs de formes". Expression elle-même plus Dada que Dada.



En 1954 Félicien Marceau déclarait : "Dans tout raisonnement sur le roman contemporain, il y a un os. Cet os s’appelle Simenon." Si on continue de creuser, on ne tombe plus sur un os mais sur un bâton de dynamite qui s'appelle Thierry Marignac.

Qu’est-ce qui fait que Marignac est considéré comme un marginal (ou un excentrique, voire plutôt un infréquentable) dans les lettres françaises ? son refus punk de se justifier après la provo de son premier roman, Fasciste ? son amitié - type de relation qui est désormais un pièce à conviction incriminante dans le tribunal de la pensée contemporaine - avec Edouard Limonov ? son intérêt suspect - à une époque où pourtant on fait du refus de l’ethnocentrisme un axiome - pour la Russie, l’Ukraine et les ghettos noirs de Brooklyn ? ou encore, un trop grand professionnalisme en littérature ? Considérer la littérature comme la plus belle entreprise qui soit mais, en même temps, "réduire" le roman à un drame de mots, refuser d’en faire un dazibao, chercher à toucher à l’émotion, à la sensibilité, à la beauté. Ce qu'il fait avec infiniment plus de talent que n’importe quel gratte papier contemporain. Voilà certainement la plus belle provo qu’il pouvait faire.

Condamné également à cause de son audace pour ses passions ? Peut-être. À une époque où la faiblesse, l’invalidité, l’impuissance créatrice et la médiocrité sont devenus des valeurs cardinales, un écrivain qui fait preuve de bonne santé, de vivacité, de virilité et de courage personnel, c’est suspect. Il ne serait pas de droite ton auteur, par hasard ? C’est vrai qu’il a les cheveux courts et qu’il sait boxer, m’enfin. Qu’aurait-on pensé de Malraux, Drieu la Rochelle, Cendrars ou de Roux s’ils publiaient leur premier roman de nos jours ?

Audace pour ses passions, oui ! Contrairement aux écrivains tendance Télérama comme Figaro Littéraire, Marignac ne reste pas vraiment le cul vissé sur sa chaise de bureau à attendre l’inspiration. Non seulement, il se pourrait qu’elle ne vienne pas, disait Tolstoï, mais surtout, à défaut de donner dans le nombrilisme, c’est à l’extérieur qu’on trouve de quoi écrire. Quand on lui offre un travail de traducteur, il va chercher ses auteurs dans le Time Square pre-Giuliani. Quand il commence à s’ennuyer de l’anglo-américain, il s’inscrit aux Langues O’ et va trouver des Russes. En même temps, il décide de plonger dans les profondeurs de l’Ukraine pour en sortir une longue enquête sur les camés et la narcomafia.

Une fois mis de côté la légende du type "sévère, terrible et sans tendresse", reste surtout (et principalement) une oeuvre d'un grande sensibilité, remplie de décrochages poétiques, qui jette un jour sans égal sur notre monde. Une oeuvre réellement artistique : "Tout art véritablement vivant sera irrationnel, primitif et complexe. Il utilisera un langage secret et léguera non pas des documents édifiants, mais des documents paradoxaux" (Hugo Ball, La Fuite hors du temps). P
lus Dada que Dada on vous dit !

Laissez tomber le Canada Dry and get the real stuff ! Lisez Marignac : https://antifixion.blogspot.com


Articles les plus consultés